LinkedIn ? Tout le monde en parle. Paradoxalement, plutôt que d’alimenter une saine curiosité, ce discours permanent créée une “force de l’évidence” qui rajoute surtout de la pression et de l’injonction. Total, on stresse, alors qu’il y a pourtant des tonnes de raisons valables d’y aller et surtout de contribuer sérieusement. Petit inventaire des “bonnes raisons” avec aussi les nuances de rigueur.
LinkedIn, il s’y passe quoi au juste ?
LinkedIn, tout le monde y est (ou presque).
Je n’aime pas tellement les statistiques sur les réseaux car elles sont souvent d’origine douteuses et mal localisées, mais bon, faut ben partir de quelque part. en France il y aurait 30 millions de personnes inscrites (d’après la boss de LK France), ce qui en ferait le 2ème réseau social derrière Facebook et devant Insta, le tout ayant fait x2 depuis 2017. C’est massif. Mais ce qui compte c’est l’usage – le nombre d’utilisateurs quotidien – si on en croit les moyennes, autour de 15% soit (au moins) 4,5 millions de Français qui y passeraient tous les jours (dont 100% des solopreneurs^^) : ça reste solide.
Corollaire : votre écosystème y est certainement bien représenté : les clients, les partenaires, les talents à recruter, les concurrents à surveiller… En gardant en tête qu’il y a des variations fortes suivant les secteurs (B2B, com, marketing, IT en force) et encore la localisation (Paris et les grandes métropoles)
LinkedIn est devenu un vrai réseau social
On est loin des débuts en mode ton CV en ligne, mais étrangement et parce que beaucoup d’utilisateurs n’y vont que pour mettre leur profl à jour (et nous gratifier de ce joli post de “célébration” assorti des suggestions de commentaires IAtisés qu’on aime tant) cette perception demeure.
En fait c’est un vrai réseau, avec des échanges plus ou moins riches et parfois tendus, avec sa culture propre très nourries par le hustling – les hordes de business hackers qui vous expliquent comment passer de 0 à 100 en 3 jours – et complétée par la place de plus en plus forte du commentaire politique (la fin de X aide). Lisez en détail si ça vous intéresse :
LinkedIn est devenu un vrai réseau social (pour le meilleur et pour le pire)
Corolaire : il faut connaître les règles pour en tirer partie, et ça s’apprend d’abord en y passant du temps, puis en se lançant dans le bain. On ne peut jamais être “extérieur” à un réseau si on veut en maîtriser les codes, c’est une culture à part entière et cela doit être traité comme tel.
Linkedin est d’abord un réseau personnel
Cause et conséquence d’un choix algorithmique, LinkedIn valorise l’expression indivudelle, et les comptes personnels plus que les pages d’entreprises. Et au sein même de cette règle générale, il semble bien que le témoignage du vécu, accompagné de l’habituel selfie, en attendant que les vidéos prennent le dessus, marque encore plus de points.
Cela a deux conséquences, traitées plus en détail dans l’article ci dessous : 1/ les pages d’entreprises disparaissent du flux, même les plus suivies, et souffrent de taux d’engagement super bas, à l’exceptions de celles qui parviennent à mobiliser avec les bons codes (et elles sont rares) et 2/ l’employee advocacy apparait alors comme une solution magique pour se concilier l’algo et redonner de la part de voix aux marques, mais c’est pas simple pour autant !
Linkedin est d’abord un réseau personnel (et rarement anonyme)
Corolaire : si vous y allez pour votre business, il faut que ce soit “vous” qui parliez, et ce au risque du faux self, une version idéalisée de vous même, comme un entretien d’embauche permanent…
A venir : la page (et la méthode !) dédiée à l’employee advocacy.
Bon et LinkedIn on y va pour y faire quoi ?
Voici une première liste de “bonnes raisons”, tout ce qu’on peut gagner dans une présence active. Certains des points méritent détail, on y reviendra :
Un endroit de veille sectorielle et d’actualité
Et de plus en plus utile. Au delà des opinion et analyse portée par les gens que vous suivez, c’est un lieu parfait pour repérer des tribunes, des publications d’études, des articles de fond. Bien sûr pour que ça marche il faut suivre les bonnes personnes, celles qui partagent de l’info et savent aussi séparer leur “take” du contenu lui-même, et ne pas radiner sur les likes si on veut qu’ils restent dans le flux (et aussi, utiliser la croix quand vous voyez des trucs polluants qui remontent trop). Il n’y a aucune garantie de voir tout ce qui importe, surtout vu les caprices de l’algo et cela ne peut bien sûr ne pas être votre seule source d’info (les newsletters ! les podcasts !) mais c’est souvent très utile.
Le lieu de la carrière
Je ne vous fais pas de dessin mais si vous cherchez du travail ça se passe par là, et pour les annonces, et pour les contacts directs, mais aussi pour chercher ses cibles et se renseigner sur le profil des gens qu’on voit en interview. Reste à savoir si on veut qu’ils nous voient les voir, ou pas 🙂 (certains ont des faux profils juste pour ça).
Le développement (et la réactivation) de son réseau
Si vous êtes déjà présents depuis quelques années vous deviez avoir déjà plusieurs centaines de contacts. Si ce n’est pas encore le cas, soyez actif, libéral dans vos invitations mais toujours spécifique dans ce que vous cherchez. Vous devez vraiment “taper” tous les gens que vous avez croisé dans votre vie pro et leur demander de se connecter à vous, ou les suivre s’ils sont trop haut dans la chaine alimentaire. Profitez des recommandations automatiques qui vont de proche en proche, et vous rappellent des contacts croisés il y a 10 ans… Et bien sûr vous pouvez et devez faire des rencontres, en tapant la discute directement en MP avec des gens que vous avez plaisir à lire. Il y a toute une étiquette de la connexion qu’on peut reconstituer assez facilement, billet à suivre sur ce sujet.
Le thought leadership
c’est à dire être utile en partageant de l’information éclairante. Le TL (je résume) est différent du personal branding (PB !) tout en en représentant une bonne part : votre réputation personnelle se construit au travers du partage, qui exprime directement votre capacité à comprendre votre métier et votre secteur, et vous valorise donc. Le leadership par la pensée c’est bien sûr l’idée que les bons leaders sont visionnaires et éclairent le chemin. (c’est valable aussi pour les marques qui sont bien tenues, regardez donc la page de WWTJ et ses contenus videos qui racontent le monde du travail aujourd’hui. )
Les opportunités business et commerciales
C’est le nerf de la guerre, ce que tout le monde veut évidemment, et rares sont les heureux qui y parviennent. C’est critique pour certains jobs comme le freelancing, où l’on se fait directement voir de ses prospects et clients, et ça reste très important pour tout le B2B. Cela recouvre d’ailleurs trois réalités :
- la question de la notoriété (la fameuses awareness des tunnels de vente) : vous vous rendez visible auprès de gens qui ne vous connaissent pas, voire ignorent votre activité ou votre secteur plus largement, et ne savent pas qu’ils ont besoin de vous.
- la question de la considération, quand vous changez de catégorie et atteignez la short list, que ce soit par le bénéfice de vos contenus ou parce que vous aurez fait un démarchage actif (mais les contenus dans ce cas gardent un côté carte de visite précieux).
- La conversion donc, qui n’est pas possible si on ne coche pas les deux étapes précédentes – et bien sûr cette notion varie massivement, et sera plus forte si vous vendez directement en ligne (par exemple un abonnement à un service SaaS) que si vous vous arrêtez au contact avec un lead.
Cela n’a rien d’évident quand on veut changer de place dans le tunnel, monter d’un cran, passer d’une logique informative à une dimension de relation commerciale. Et enfin dans certains cas le “owned” et le “earned” ne suffisent pas et il faut passer au “paid”…
Le plaisir de l’échange et de la contribution
Et même de l’écriture, C’est le bénéfice le moins attendu, car le moins directement utile, mais c’est aussi le signe que vous vous prenez au jeu et que vous partagez des choses utiles pour les autres. Les rencontres les plus sympas viennent souvent d’une appréciation commune pour les mêmes sujets et les mêmes angles.
OK d’accord je veux m’y mettre – mais pas n’importe comment !
Avoir envie, être soi-même (dans la mesure de la décence et du positivisme) et être sincère dans ses convictions, ça aide. Oui il y a des recettes à connaître et parfois à suivre en se forçant un peu (vazy fais voir ton selfie, allez on a écrire cette accroche choquante, etc.) mais on n’est pas obligé de tomber dans le narcissisme complaisant.
Et puis : il faut prendre le temps, parce que les bénéfices ne sont pas du tout immédiat : l’attention au début doit de concentrer sur le plaisir de l’écriture (et de la réflexion), et des rencontres, parce qu’il n’y aura rien d’autre avant longtemps (et ceux qui disent qu’on peut bootstraper un Linkedin en quelques semaines exagèrent, ou font des ventes B2C à faible prix unitaire). Patience !